martes, octubre 31, 2006

Quiero paz Quiero amor Quiero dulces por favor

Ce soir, c’est ce que disent les enfants partout dans les rues pour réclamer des bonbons. Des toiles d’araignée et des citrouilles, j’en vois partout depuis un mois. Aujourd’hui certains ont poussé le vice jusqu’à déguiser leur chien. Mon voisin m’a appris une autre chanson, qui selon lui était plus répandue dans les années 80, du temps où la Colombie était un peu moins paisible : Tricky Tricky Halloween Quiero dulces para mi Y si no me dan Le rumpo el vidrio/la nariz Y salgo a mil (je veux des bonbons sinon je te casse la vitre/le nez – au choix- et je me casse). (A faire déguisé en gamin qui traîne dans les rues.)

J’avais déjà fêté Halloween au Teatron, un ancien théâtre reconverti en boîte gay. Le déguisement que j’ai préféré c’est celui de Cendrillon, avec une seule chaussure (à talon). Elle boitait un peu mais je crois que ce soir-là elle a trouvé chaussure à son pied. Moi je n’étais pas déguisée mais on m’a reconnue et j’ai dû répondre, de manière assez pitoyable, aux questions de la présentatrice de Party-On Bogota de Rumba, une émission TV, pour la remercier de nous avoir fait rentrer gratos- la dernière fois j’avais dû poser, tout aussi pitoyablement, un verre de whisky à la main, pour le Voici local, Caras, alors que j’assistais à l’inauguration d’une expo photo sur les Juifs rescapés des camps qui avaient fui en Colombie.

En sortant j’ai un peu moins rigolé parce que Bogota à 4h du matin avec des gens déguisés en monstre, ça fait son petit effet. Déjà que… C’est l’aspect pesant de Bogota. Les rues qui se vident, les gens qui se scrutent, dès qu’il fait nuit, ne jamais savoir sur qui on va tomber, ne pas pouvoir rentrer seule à pied, prendre un taxi dans la rue sans pouvoir se fier au chauffeur, laisser le numéro de la plaque à un ami au cas où, le biper quand on est bien rentré, griller les feux pour éviter de se faire attaquer parce que la voiture est à l’arrêt, demander au chauffeur d’attendre qu’on ait refermé la porte de chez soi pour repartir…

A mon voisin on ne lui a pas réclamé des bonbons mais son portable. La première fois, enhardi par l’alcool (et l'habitude), il a écarté le couteau qu’on lui mettait sous le nez et a proposé, à la place de son portable, de quoi fumer un porro (besoin de traduction ?), le type a réfléchi et a accepté. La deuxième fois, il n’a pas trop eu le temps de marchander : on lui a arraché directement le portable des mains, toujours le même couteau énorme sous le nez, il l’a repris, le type a voulu lui planter le couteau dans le ventre, il a esquivé et il a fini par lâcher le portable. C'était la fin de l’après-midi, un dimanche. Sur les routes quand je prends le bus, je vois des pancartes qui m’apprennent que Bogota est en train de changer de visage : Bogota hoy, mas vida menos muertos (Bogota aujourd'hui, plus de vie moins de morts) et en dessous le nombre d’homicides qu’il y a eu en moins par rapport à l’année dernière.

(Malgré tout Bogota est beaucoup plus sûre que ce que l'on pense, vous pouvez venir sans crainte. Vous viendrez, hein?)

2 comentarios:

Jme dijo...

oui, mais pas de nuit :-)

Anónimo dijo...

Même la nuit c'est bien ... simplement il faut bien regarder où on met les pieds... Mais je ne crois pas qu'un seule ville au monde puisse se vanter d'être complètement sûre. Paris, Lyon, Marseille etc. etc. possèdent toutes 3 ou 4 quartiers totalement infréquentable pour une personne qui ne les connaît pas! Bogotá c'est pareil!