miércoles, noviembre 15, 2006

cure thermale

Pour pouvoir se baigner dans une piscine d’eau naturellement chaude en pleine montagne sauvage, il faut:
  • partir de Ibague, à 4h, parfois 8, de Bogota,

marché



et boucherie. bouh!








  • Se lever avant le petit jour pour partir avec le camionnette du laitier
  • attendre des heures indéterminées que d’autres personnes viennent se coincer avec vous entre les bidons de lait
  • prendre une autre camionnette à mi chemin parce que finalement le laitier a décidé que non il n’irait pas jusqu’en haut de la montagne
  • parfois rester en équilibre sur le marchepied, à l’arrière de la camionnette, sous la pluie et dans le froid, un parapluie à la main, à encaisser trous et cailloux parce qu’il n’y a pas de place pour tout le monde à l’intérieur
  • marcher dans la boue dans un paysage fait de brume et de vert

Et voilà :
l’eau est à 40 degrés et le froid et la pluie la rendent délicieuse


il paraît qu’elle soigne le stress, l’alcoolisme, la peur de mourir, de se faire voler ou séquestrer

On n’a pas forcément besoin d’arriver jusqu’ici pour se libérer de ses peurs, on se rend vite compte qu’on ne va pas se faire séquestrer ni tuer parce qu’on est en Colombie.

Voler, ça oui. De tous mes colocataires (on est 10), je crois que je suis la seule à ne pas m’être fait voler ces derniers temps.
ça se passe presque toujours de la même façon, j'en tire des conclusions générales, le jour où ce sera mon tour, je ne serai pas stressée

domingo, noviembre 12, 2006

échos picaresques


Il y a plus de vingt ans, un professeur iranien fuit son pays et la république islamique et sauve de son immense bibliothèque trois livres : parmi eux, Gil Blas de Lesage. Quelques années plus tard, à Paris, il offre l’exemplaire à un de ses étudiants, colombien, qui en trouvera un en espagnol à son retour en Colombie, à Pereira, ayant appartenu à un homme qui luttait contre la peine de mort. Cet étudiant devient professeur à Bogota et décide de faire une conférence sur Gil Blas. Il confie le premier volume à une amie, française, à qui il demande de participer à la conférence et qui se souvient vaguement, en soupirant, que ce même livre était au programme de l’agrégation de lettres en 2004.

Le 9 novembre 2006, date à laquelle doit se tenir la conférence, est aussi la date fixée pour la grève nationale en Colombie. L’université où devait se donner la conférence, la Pedagogica, est fermée sous l’initiative des étudiants. L’organisatrice me raconte que fut un temps où les étudiants, cagoulés, faisaient violemment irruption dans les salles de cours pour sortir de force les autres étudiants, non cagoulés, pour qu’ils participent aux manifestations. Le lendemain c’est la police qui a encerclé et fermé les bâtiments, au cas où, parce que les étudiants des universités publiques, dans les imaginaires, sont des activistes politiques purs, durs et dangereux, qu’il faut faucher à la racine.

Je n’ai pas pris des photos – en fait on me l’a fortement déconseillé. Les gens manifestaient, entre autres, contre la dureté de la répression des protestations sociales et plus concrètement contre les assassinats et les disparitions miraculeuses des manifestants les plus actifs, que la police fiche en mettant des caméras sur la place Bolivar, en confisquant les appareils photos, en se renseignant, en s’infiltrant. On les retrouve parfois morts, un jour, sans qu’on sache qui est l’auteur du crime (mais avec de fortes présomptions… c’est le cas du meurtre de l’étudiant de Cali, à l’origine de la manifestation dont j’ai montré les photos dans un de mes premiers post) ou alors ils se font embarquer par la police et on ne les revoit plus après. Bref, j’ai préféré ne pas faire partie du dispositif.

La manif étudiante à laquelle j’ai assisté était plutôt tranquille et en dessous du mythe (et j’aurais pu prendre plein de photos, ndlr un peu dépitée), celle qui partait de centre paraissait plus mouvementée mais je ne sais pas, le lendemain je n’ai même pas trouvé une ligne sur la grève dans El Tiempo, le quotidien national (j'ai mal cherché?). Mais Gil Blas court toujours.

domingo, noviembre 05, 2006

casa

La vue de ma fenêtre.
Ce qu'on ne voit pas c'est que le voisin du haut balance toutes ses saloperies sur les toits - y compris un de ses slips, qui verdit à vue d'oeil et dont je suis l'évolution avec inquiétude. Pour faire plus poétique, ce qu'on entend pas, c'est la rumeur des couverts qui monte des restos qui s'abritent sous la tôle..

En bas de la maison (les tours coincées à l'extrême gauche)
Mon quartier s'appelle El Recuerdo (le Souvenir).

Ce qu'on ne sent pas ici, c'est à quel point le type à droite, qui discute avec un de mes colocataires, sent l'alcool. En fait il est en train de s'excuser parce que la nuit dernière il était complètement bourré et qu'il a foutu le bordel en bas de chez nous (il voulait qu'on fasse la fête avec lui, c'est un ami de mes colocataires) et a mis hors de lui notre voisin du dessus (qui habite juste au-dessus de moi et que j'entends tout casser quand son fils rentre bourré). Epilogue et morale de l'histoire: Il a fini par s'endormir dans un parc à côté et s'est fait voler toutes ses affaires.

sábado, noviembre 04, 2006

viernes, noviembre 03, 2006

baile rojo



Ces briques, dont la forme rappelle exactement celle des ossuaires, juste à côté, du cimetière central , rendent hommage à près de 3500 personnes appartenant à un parti d’opposition, la Unión Patriótica, assassinées de manière systématique depuis 1985. La liquidation de ce parti s’est faite dans une impunité presque totale (pour 717 assassinats entre 1985 et 1992, seulement 1O cas portés devant la Justice,selon un rapport du Defensor del Pueblo de 1992) : l’Etat colombien a été poursuivi devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme par une ONG, Reiniciar. Les membres du parti accusent l’armée et les paramilitaires (donc l'Etat).

Du Baile rojo (Le Bal rouge), un documentaire de Yezid Campos sur la UP, je me souviens d’une femme, extraordinairement digne, qui raconte la perte successive de son mari et de ses trois fils, l’exil de sa fille, les menaces qu’on lui adresse encore, et d’une autre, dont le fils a disparu, et dont les cauchemars font mourir son fils toutes les nuits d’une mort différente.

Le 11 octobre, en hommage à la mort de Jaime Pardo Leal, premier président de la UP, il y a douze ans, j’ai participé au Jour National pour la Dignité des Victimes du Génocide de la Unión Patriótica. Peu de gens, je crois qu’ils défilaient un peu dans l’indifférence générale. Dans le parc del Renacimiento (de la Renaissance), bâti sur une partie du cimetière central, dont on a déplacé les morts un peu plus loin, ils réclament justice et veulent lutter contre l’impunité et l’oubli. De ce que j’ai pu lire et entendre, c'est l'attitude courante des gouvernements et l'épilogue de bien des crimes, les vieux et les actuels, en Colombie.

(pour Fernando)

jueves, noviembre 02, 2006

tierra caliente








A trois heures de Bogota, souvent froid et pluvieux, Girardot, son soleil écrasant et ses moustiques en folie. A Girardot, Peñalisa, un condominium, ses maisons toutes un peu similaires, avec piscines privées et employées de maison, son golf à perte de vue, ses courts de tennis, son immense piscine avec vue superbe sur la Cordillère ( interdite d’accès pendant la messe, et aucune charité chrétienne à espérer, je me suis fait sortir comme une malpropre).

La seule sortie du week-end, c’était le supermarché, juste à côté d’un cimetière désaffecté mais habité par quelques familles qui ont construit des cabanes entre les croix, avec les gamins qui vous portent vos sacs jusqu’à la voiture et qui vont vous chercher la bouteille de coca que vous avez oubliée. Alors évidemment, au milieu des délices, un petit malaise, surtout qu'ici, je ne vous apprends rien, toutes les richesses sont concentrées dans les mains d’un petit cercle de privilégiés et que la bonne grosse majorité de la population fait ce qu'elle peut.

Bon, je ne veux pas avoir l’air de cracher dans la soupe, j'ai passé un excellent week-end, j’ai bien profité, j’ai bien mangé (notamment de la viande en sauce à base de coca-cola, plat typique de la côte caraïbe), j'ai été très bien accueillie, par des gens très bien.

Mais on repart avec plein de questions. Sur eux et sur nous, à une autre échelle.

Faut peut-être juste arriver à faire la part des choses. Et c'est pas gagné.